Cuvée réalisé par la Franche, brasseurs à La Ferté, Jura - www.lafranche.net
Fiche technique
- Brassin de bière blonde, c'est-à-dire élaboré avec du malt 100 % Pilsen bio.
- Brassin réalisé fin mai 2016 et élevé pendant 5 mois dans un tonneau de savagnin* de 4 ans de Valentin Morel, vigneron dans le Jura.
*Le savagnin étant un vin blanc du Jura dont la typicité repose en ce qu’il est vieilli dans un tonneau qu’on ne remplit pas à mesure qu’il s’évapore. Le vin est donc exposé à l’oxygène présent dans le tonneau qui va « oxyder » ses arômes initiaux et offrant au vin des notes très spécifiques de noix, de curry… - Mise en bouteille fin octobre 2016.
- Elevage en bouteille pendant 4 mois avant commercialisation.
- Bière biologique.
- 75cl, 6% d’alcool.
Une bière du temps long
Conscient de l’importance du Temps dans l’élaboration d’un tel produit vivant et dans la finesse aromatique des bières à la dégustation, la Franche met un point d’honneur à « élever ses bières ».
« Techniquement, la réalisation d’une bière peut se faire en 4 semaines » se plait à dire Régis, le brasseur ». « Dans le cas de la bière de la Franche insoumise, la bière prend 8 mois avant d’être commercialisée. Et idéalement, je souhaiterais étendre l’élevage des bières, tant en tonneau ou en cuve, qu’en bouteilles »
« Elevage » des bières… Un vocabulaire bien proche de celui du vin.
Une bière à la frontière entre deux mondes qui ouvre les esprits.
Lorsqu’on lui demande pourquoi il souhaite élaborer des bières dans des tonneaux, normalement utilisés pour l’élevage du vin, Régis insiste immédiatement sur l’importance de la valeur de l’échange dans son métier. « Le fait de produire de la bière dans une région vigneronne et d’être au contact des vignerons favorise les discussions, les échanges et permet de dépasser les frontières habituelles de nos métiers respectifs. L’élevage d’une bière en fût permet de relier le monde du vigneron à celui du brasseur ».
La Franche insoumise, bière vieillie dans un tonneau ayant lui-même accueilli un vin très atypique (le Savagnin, petit frère du Vin Jaune) utilisé au préalable pendant au moins 20 ans est le symbole de ce métissage gastronomique très riche, unique qu’il faut veiller à préserver, non par traditionalisme obscur, mais par l’ouverture d’esprit positive que peut procurer la dégustation de telles saveurs rares qui suscitent la curiosité.
Une bière non standardisée.
D’un point de vue plus technique, Régis explique opter pour ce type de brassin afin de « tendre vers plus de naturel dans l’élaboration d’un produit initialement très technologique ». En effet, la bière étant un produit très sensible du point de vue bactériologique, le processus technologique et la sécurisation par l’hygiène y est assez drastique.
Dans le cadre de cette Franche insoumise, la mise dans un tonneau à vin constitue donc bien une prise de risque pour le brasseur. Pourtant, ce qui paraît une prise de risque pour un brasseur ordinaire correspond à une recherche chez Régis : « Dans un tonneau de vin, je vais faire profiter à la bière d’un univers de levures, de bactéries, de tout un microcosme vivant de flore indigène qui lui conférera une singularité ». Une bière qui « renverse la table »… des arômes ? Rien d’étonnant pour une insoumise. Comme l’explique Jean-Luc Mélenchon dans « En commençant par le vin » au sujet des vins technologiques, et globalement au sujet de toute la nourriture standardisée, le problème n’est pas la standardisation en elle-même. Le problème fondamental posé en tant qu’humaniste est qu’un produit standardisé nous standardise nous même. Il standardise nos yeux, notre nez, notre palais, et au final notre imagination. Voilà pourquoi la lutte contre la standardisation des goûts est une lutte politique dans laquelle s’inscrit la France insoumise.
La Franche, Une brasserie artisanale… donc politique !
Tout comme dans le milieu agricole où la confédération paysanne (dont Régis est sympathisant) scande son désormais célèbre slogan « 10 petites fermes valent mieux qu’une grosse », en matière de brasserie aussi, 10 petites structures artisanales génèrent un bien-être plus important pour la société qu’un grand distributeur industriel. Pourquoi ?
D’abord, en termes d’emplois, les brasseries artisanales sont incompressibles contrairement aux fameuses « économies d’échelles » dont bénéficient des structures de taille importante.
Aussi, en ce qu’elles sont souvent implantées en milieu rural, les brasseries artisanales s’insèrent dans un tissu social et peuvent être l’un des derniers lieux de socialisation du village. A la Ferté, La Franche rivalise sur ce point avec la fruitière à Comté, autre vestige du dynamisme des campagnes préservé dans le périmètre de production du Comté.
Dans de nombreux villages de France désertés par les services publics et les milieux économiques, la création de micro brasseries pourrait être un levier de dynamisation des campagnes et facteur de maintien des services publics. Les restaurateurs locaux sont toujours fiers de vendre la bière « du coin », les touristes, toujours heureux de ramener quelques souvenirs de vacances, les élus, toujours friands de leur concours annuel de la meilleure bière régionale.
Enfin, d’un point de vue strictement économique, les bières artisanales génèrent une valorisation plus importante du fait de l’incompressibilité de certaines charges (loyers, personnels, salaires, matière première…) que les structures industrielles. Elles payent mieux leurs fournisseurs, leurs salariés (et probablement aussi leurs impôts, par absence d’avocat fiscaliste au service juridique !).
Et si la France insoumise donnait un objectif au pays : Au moins une bière artisanale locale dans tous les bars et restaurants de France ! Vive la Franche insoumise !
Conseil de dégustation :
La Franche insoumise étant une bière vivante, elle pourra vous surprendre par les différences gustatives qu’elle offre entre les bouteilles proposées. Allez savoir pourquoi, lorsqu’on tend vers une brasserie plus naturelle, certaines bouteilles décident de cesser leur fermentation, d’autres de la poursuivre à retardement en bouteille… Ainsi, certaines Franche insoumises contiendront plus de sucres et moins de gaz, que d’autres plus dynamiques qui auront consommé leur sucre et créé davantage de gaz (notamment lorsqu’on les laissera vieillir dans nos caves). Dans le premier cas, elle rappellera les équilibres gustatifs d’un vin très riches à l’acidité très fine (issue du savagnin). Dans le second cas, elle nous rapprochera des bières que l’on connaît, désaltérantes, fruitées que l’on peut boire « autant après avoir poussé une brouette qu’en dégustation » comme on dit à la Franche. Traduisez, « autant après une opération de collage ou de tractage qu’en visionnant la page youtube de notre candidat »…