On entend ici et là et, parfois sans beaucoup d’esprit critique, que la « Gauche » part divisée aux élections et que La France insoumise est en partie responsable de cette désunion. Au delà du fait que le terme de « gauche » ne recouvre plus un bloc monolithique et que bien des citoyens ne comprennent plus grand-chose à celui-ci, l’exemple du canton de Poligny aux élections départementales de 2015 illustre combien les diviseurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit…
A l’époque, le Jura voyait naître une expérience politique novatrice, où les partis politiques de la gauche de gauche s’unissaient avec des citoyens et acceptaient de s’effacer au profit d’une nouvelle identité « Majorité Citoyenne » en occultant d’ailleurs leurs logos initiaux…
Mon canton de Poligny était l’un de ceux où la démarche était la plus aboutie, et il n’est pas immodeste de dire que cet exemple a probablement servi de modèle (parmi d’autres, certes !) aux initiateurs du mouvement national La France Insoumise.
En effet, constations-nous, lorsque les partis acceptent de se fondre dans un mouvement unitaire et citoyen, comme l’est aujourd’hui celui de La France insoumise, les citoyens comprennent et soutiennent la démarche.
Ainsi, grâce à une campagne menée par des citoyens et avec mes colistiers du PCF et d’ EELV, nous avons réussi, dans le canton de Poligny, à nous hisser devant le parti socialiste. Il nous manquait d’ailleurs moins de 200 voix pour passer devant le FN qui hélas a pu accéder au deuxième tour.
Notre succès était prévisible. Notre mouvement novateur suscitait l’intérêt et nous étions donc largement favoris à « Gauche ». Pourtant, le PS décidant de nous opposer ses candidats a divisé la « Gauche » et, in fine, a permis au FN d’accéder au second tour. L’analogie de la situation polinoise de 2015 avec celle nationale de 2017 est éloquente. La France insoumise, en campagne depuis un an, dotée d’un programme puissant de refonte de notre système politique et social part très favorite à gauche, et ce depuis longtemps. Tout comme Majorité Citoyenne, La France Insoumise décide de se défaire des partis politiques pour construire un mouvement citoyen et ouvert à tous ceux qui veulent bien aller y inscrire leur contribution.
Seul hic, nous objectera-t-on, son candidat est encore trop associé à une image d’homme de parti. C’est pourtant le seul à accepter de dépasser cette appartenance.
Mais, tout comme le PS dans notre canton, ce sont, au niveau national, des partis politiques qui, mécontents de l’émergence de formes politiques leur préemptant leur pré carré, obstruent une campagne citoyenne.
La réalité est que l’on n’a jamais vu un candidat favori se désister au profit de candidats secondaires et que ceux qui divisent ne sont pas du côté de la France Insoumise. Il est ainsi que quand un rapport de force politique existe en faveur d’un mouvement de gauche de l’ampleur de celui de la France insoumise, c’est aux partenaires de la rejoindre et non l’inverse tant à la présidentielle qu’aux législatives. Ce raisonnement s’appliquant également quoiqu’on pense de la personne de son candidat, puisque ce qui importe c’est la co construction citoyenne collective et non des vaines attaques personnelles.