A l’invitation de la CAPEB du Jura, j’ai participé à un débat en compagnie des représentants des trois autres grands candidats à l’élection présidentielle. Face aux représentants de Fillon, Le Pen et Macron, j’ai porté le discours de Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise.

Je souhaite simplement, à travers ce texte, livrer une courte analyse de ce que fut ce moment pour moi :

D’abord, j’ai salué l’initiative en ce qu’elle permettait de parler des programmes concrètement et non plus des personnes. Aussi, j’ai apprécié la courtoisie des contradicteurs et l’attention de l’auditoire.

Sur le fond, l’effort fourni par le secrétaire général de la CAPEB pour la préparation du débat a été notable dans la mesure où il a analysé les programmes des candidats pour sélectionner les mesures concernant l’artisanat du bâtiment, et amener ainsi du grain à moudre.

Toutefois, en dépit de ce travail important, j’ai pu parfois regretter le degré de précision du débat. Je m’explique. J’ai, à plusieurs reprises, objecté la critique que de parler des entreprises de manière si micro-économique ne permettait pas d’analyser la vision d’ensemble des programmes des candidats.

A titre d’exemple, il nous était demandé ce que feraient les candidats des incitations fiscales diverses sur les travaux dans le bâtiment en matière d’économie d’énergie. Ou encore, est logiquement arrivée dans le débat la question du niveau des cotisations sociales (dénommées « charges sociales » par M. Bard). Or, j’ai regretté qu’une approche aussi détaillée du programme occultait une autre partie de notre programme, nettement plus vaste en terme d’impact sur le pays, à savoir un plan d’investissement, de 100 milliards d’euros. J’ai réussi à parler de ce plan à plusieurs reprises en marge de certaines questions, mais aucune question n’avait été préparée sur ce point. Pourtant, comme je l’ai précisé « lorsque 100 milliards d’euros seront injectés dans l’économie, vous ne vous poserez la question du niveau des salaires à verser ni des niveaux de cotisation puisque la machine sera relancée, et le carnet de commandes sera plein ». L’article ci-joint de la voix du Jura, s’il est plutôt favorable au discours de Jean-Luc Mélenchon, oublie lui aussi de parler de ce plan d’investissement !

Cette même ultra précision envers les autres candidats empêchait par exemple l’auditoire de comprendre que Fillon, au-delà de la très brutale et néfaste augmentation de la TVA (donc du coût des travaux pour les clients des artisans), s’apprêtait à réaliser une purge très violente dans les services publics et le budget de l’Etat, que Macron s’apprêtait certes à réaliser un plan d’investissement de 40 milliards, mais qu’il diminuait simultanément le budget de l’Etat de 50 milliards (soit un plan de non-investissement de -10 milliards !)…

De même, l’article de la Voix du Jura révèle bien, et cela me frappe, que les artisans semblent ne pas avoir compris que Macron allait les détruire encore un peu plus… Visiblement l’exemple de l’ubérisation des chauffeurs de Taxi n’a pas suffit à les faire prendre conscience de l’impasse ultralibérale du personnage : réveillez-vous, avec Macron, tout le monde sera maçon, charpentier, plombier, bricoleur du dimanche. Les artisans version Macron seront précarisés, seront moins chers car ne paieront pas de cotisation et ce sont vos entreprises historiques qui en souffriront et devront s’aligner par le bas. L’appauvrissement généralisé prôné par Macron est la réalité concrète de son projet inepte sans cesse justifié au nom de la « libération des énergies »…

L’essentiel du discours que les artisans et commerçants doivent entendre est le suivant : Nous, partisans de la politique de la demande, allons relancer la machine économique par le haut, c’est à dire par le carnet de commande (la commande publique et les grands travaux écologique et agricoles) quand les autres veulent continuer l’austérité et le cercle vicieux récessif de l’économie.

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