«Au moins a-t-on appris un mot nouveau», a réagi un journaliste en écoutant les propos de Jean-Luc Melenchon, expliquant l’anthropocène. Réponse du candidat: «Oui, et c’est le mot de ce siècle. Il désigne dorénavant notre époque. Celle de notre planète remodelée par les êtres humains».
Voici donc dans ce texte quelques explications concernant ce mot marqueur du XXIe siècle.
La nouvelle période géologique due à l’action de l’homme sur notre planète a été nommée «anthropocène» par Paul Crutzen en 2000. Elle fait suite à l’holocène, qui a débuté il y a 11700 ans, marquant ainsi la fin de la dernière grande ère glaciaire. Paul Crutzen a obtenu le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la couche d’ozone.
L’anthropocène se caractérise par le fait que «l’empreinte humaine planétaire est devenue si vaste et si intense qu’elle rivalise avec certaines des grandes forces de la nature en terme d’impact sur le système terre» cf. Grinevald ; Steffen ; Mc Neill ; Crutzen 2011. Ces forces de la nature sont par exemple les grandes éruptions volcaniques ou encore les mouvements de continents.
Comment expliquer ce phénomène :
- Les gaz à effet de serre (GES) tel que le CO2, le méthane et la vapeur d’eau retiennent la chaleur que la terre, chauffée par le soleil, émet vers l’espace. Le CO2 est le marqueur principal qui sert de point de repère.
- Durant la période de l’holocène, la concentration en CO2 dans l’air était stable, comprise entre 260 et 280 ppm par m3. Avant 1 800 il était encore de 278ppm. Mais depuis la révolution industrielle et l’utilisation de grandes quantités d’énergies fossiles, cette concentration augmente de plus en plus rapidement.
- Augmentation annuelle du CO² :
- 1950 : 0,7.ppm.
- 1980 : 1,3 ppm.
- Fin 90 : 1,7 ppm.
- 2010 : 2,2 ppm. Soit 3 fois plus vite qu’en 1950.
- Le 14/06/2016, un communiqué du CNRS indique que «le seuil des 400ppm est atteint sur l’ile d’Amsterdam» ; ce qui signifie qu’il est atteint sur la plus grande partie de la planète.
Les principales conséquences :
- L’air s’est réchauffé de 0,85°C par rapport à la période préindustrielle.
- Les dernières prévisions du G.I.E.C. prévoient à l’horizon 2100 une augmentation de cette température de 1,2 à 6°C, et de 8 à 10°C si l’homme ne change pas son modèle actuel.
- La calotte glacière a disparu au Pérou. Les glaces des pôles fondent rapidement.
- Le pergélisol (sol gelé en permanence) fond, le méthane et le gaz carbonique fossile se libèrent brutalement et déforment le sol. Ce dégagement gazeux accélère le réchauffement de l’atmosphère. Le cycle est formé: la fonte du pergélisol accélère le réchauffement climatique. 1 700 milliards de tonnes: c’est la quantité de carbone que contient le pergélisol, soit deux fois la quantité de CO2 de l’atmosphère. (cf. journal du CNRS, début 2015).
- Les phénomènes climatiques sont plus intenses: davantage d’épisodes secs en zone et périodes sèches (idem en zones et périodes humides).
- Le 29/08/2016, après sept ans de travail sur l’anthropocène, un groupe de travail déclare lors du congrès géologique international : « la terre est bien passée dans une nouvelle ère géologique marquée par l’empreinte des activités humaines ». 208 minéraux liés à l’activité de l’homme ont été identifiés et resteront donc des traceurs pour les siècles futurs.
L’objectif de la COP21 à Paris était de ne pas dépasser la limite de +2°C dans l’atmosphère à l’horizon 2100 (soit 450ppm de CO²). Au rythme actuel, et sans actions décisives majeures, nous pourrions y être dans environ 25 ans. En 2100, les estimations réalistes d’augmentation de température sont estimées a plus de 3°C pour le massif du Jura, soit la température en Avignon au début du XXIe siècle.
Sources principales : « l’événement Anthropocène » de C Bonneuil et JB Fressoz. – « l’or noir » de M Auzanneau.